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Je sais la Vertu maigre. Or je hais l’écorché.
Ta gorge, sous sa neige, a des rondeurs exquises :
Fruits de chair, ô ma faim, pour lesquels tu t’aiguises,


Pommes glorifiant l’espalier du Péché !


Dans ton esprit éclate une flore troublante
Et comme il n’en est point aux plus riches bosquets…
Ce sont les fleurs du Mal, ô mes très chers bouquets…


Ta bouche est une fleur qui saigne et m’ensanglante.


Près de toi l’on dédaigne et l’ingrate pâleur
Et les lis d’innocence éclos au front des vierges :
Ton être, à qui le Mal devrait brûler des cierges,


Fait voir, épanoui, le beau Vice en sa fleur.


Telle je veux t’aimer, des pieds jusqu’à la tête,
De gloutonne tendresse, âpre et sans apparat.
L’amour chaste est un mot d’infirme ou de castrat :


Livre à mes appétits ton grand corps déshonnête !