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ils en font aussi avec les dents d’un poisson de mer, que l’on nomme requin. Souvent ils y attachent du coton mêlé avec de la cire, et ils y mettent le feu pour incendier les cabanes de leurs ennemis.

Ils se font des boucliers avec des écorces d’arbre et des peaux d’animaux. Quelquefois ils placent à terre des épines pointues en guise de chausse-trappes.

J’ai aussi entendu dire, mais je ne l’ai pas vu, que, quand ils veulent repousser l’ennemi de leurs villages, ils emploient le moyen que voici : ils allument un grand feu au vent de l’ennemi, et y jettent une forte quantité de poivre dont la fumée est si forte, qu’elle l’oblige de lâcher pied. Je le crois facilement ; car, ayant fait une expédition avec les Portugais dans le pays de Brannenbucke (Fernambouc), la marée, en se retirant, laissa notre vaisseau à sec dans une petite rivière : alors une multitude de sauvages étant venus nous attaquer sans pouvoir réussir, ils jetèrent une quantité de broussailles entre la rivière et la côte, croyant ainsi nous mettre en fuite par la fumée du poivre ; mais ils ne purent parvenir à les allumer.


Des cérémonies avec lesquelles les sauvages tuent et mangent leurs prisonniers.
CHAPITRE XXVIII.

Quand les prisonniers arrivent au village, les femmes et les enfants les accablent de coups : on les couvre ensuite de plumes grises, on leur rase les sourcils, et l’on danse autour d’eux. Ensuite les sauvages les attachent fortement afin qu’ils ne puissent pas s’échapper ; puis ils les mettent sous la garde d’une femme, qui vit avec eux. Si cette femme devient grosse,