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Dans cette autre cabane, ils recommencèrent à m’accabler d’outrages : le fils du roi s’amusa à me lier les jambes et à me faire sauter à pieds joints dans la cabane. Ils se mirent à rire et me dirent : « Viens manger avec nous, sauteur. » Je demandai à mon maître si on allait me tuer. Il me répondit que non, mais que c’était leur habitude de traiter ainsi les esclaves. Ils me délièrent enfin, et commencèrent à me tâter de tous côtés : l’un disait qu’il voulait avoir la tête, l’autre le bras, l’autre la jambe. Ils me firent ensuite chanter, et je commençai à chanter un psaume ; puis ils m’ordonnèrent de traduire ce que j’avais chanté. Je dis que j’avais chanté mon Dieu ; mais ils me répondirent : « Ton Dieu est un tavire, » c’est-à-dire une ordure. Ces paroles me firent bien du mal, et je pensais : Dieu, que tu es bon de souffrir tout cela ! Après que tous ceux du village m’eurent examiné et insulté à loisir, le roi Konyan Bebe recommanda à ceux qui étaient chargés de moi de me garder avec grand soin.

Le lendemain, lorsqu’on me fit sortir de la cabane où nous avions couché pour me reconduire à Wattibi où je devais être mangé, ils me criaient ironiquement qu’ils viendraient bientôt chez mon maître pour s’enivrer et me manger ; mais celui-ci me consolait en me disant qu’on ne me tuerait pas encore de sitôt.


Les Tuppins-Ikins arrivent avec vingt-cinq canots comme je l’avais annoncé au roi, et attaquent le village où je me trouvais.
CHAPITRE XXIX.