Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/78

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Je dis alors aux Indiens : « Vous me prenez pour un Portugais, votre ennemi ; hé bien, ôtez-moi mes liens et donnez-moi un arc et des flèches, et je vais vous aider à défendre votre village. » Ils y consentirent, et je me joignis à eux, en criant et en lançant des flèches comme eux, les excitant à avoir bon courage et à ne rien craindre. Mon intention était de traverser les palissades et de me joindre aux assaillants, car ils me connaissaient bien, et savaient que j’étais dans le village ; mais on me gardait trop bien, et les Tuppins-Ikins, voyant leur coup manqué, retournèrent à leurs canots et se rembarquèrent. Dès qu’ils furent partis on me remit mes liens.


Comment les chefs se rassemblèrent le soir au clair de la lune.
CHAPITRE XXX.

Le même soir, les chefs se rassemblèrent par un beau clair de lune sur la place du village, et commencèrent à discuter ensemble pour arrêter quand ils me tueraient. Ils me firent amener pour m’accabler d’injures et de menaces ; j’étais triste, et je regardais le ciel, en disant : Seigneur, accorde-moi au moins une bonne mort. Les Indiens me demandèrent pourquoi je regardais ainsi la lune, et je leur répondis : Je vois qu’elle est irritée contre vous ; car, dans ma douleur, il me semblait que la lune elle-même me jetait des regards de colère, et je croyais être en horreur à Dieu comme aux hommes. Alors Jeppipo Wasu, un des chefs qui voulaient me faire périr, me demanda contre qui la lune était en colère.