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et qui veulent, peut-être, te racheter. » — « C’est sans doute mon frère, » leur répondis-je ; car je pensais bien que les Portugais demanderaient de mes nouvelles, et afin que cela ne leur fît pas croire que j’étais Portugais, je leur avais dit que j’avais un frère Français aussi, qui se trouvait parmi eux. C’est pourquoi, quand je vis arriver ce vaisseau, je leur dis que c’était mon frère ; mais ils prétendirent toujours que j’étais Portugais. Ils s’approchèrent du vaisseau : cependant l’équipage s’étant informé de moi, ils répondirent de ne plus faire de questions à cet égard. Les Portugais remirent donc à la voile, me croyant mort. Quand je les vis repartir, Dieu sait ce que j’éprouvai, et les sauvages disaient entre eux : « Nous avons fait une bonne prise, puisqu’on envoie des vaisseaux pour le chercher. »


Le frère du roi, Jeppipo Wasu arrive de Mambukabe et me raconte que celui-ci, sa mère et tous les leurs étaient tombés malades. Il me prie d’envoyer mon Dieu pour qu’il leur rende la santé.
CHAPITRE XXXIII.

J’attendais à chaque instant le retour de ceux qui étaient partis pour faire les préparatifs de ma mort. Un jour j’entendis des cris dans la cabane du chef qui était absent, ce qui m’effraya, car je les crus de retour. En effet, quand quelqu’un s’est absenté, ne fût-ce que pour quatre jours, il est d’usage chez les Indiens que ses amis le reçoivent en poussant de grands cris de joie.