Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, trad Ternaux, Arthus Bertrand 1837.djvu/104

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je n’y voyais plus ; mes blessures m’ôtaient la force de marcher, et je fus obligé de me coucher sur le sable. Les Indiens m’entouraient et me menaçaient à chaque instant de me dévorer. Me voyant exposé à un si grand danger, je fis des réflexions que je n’avais jamais faites auparavant, et, considérant la vallée de pleurs dans laquelle nous vivons, je me mis à chanter un psaume du fond du cœur et les larmes aux yeux ; les sauvages s’écriaient : « Voyez comme il pleure, voyez comme il gémit. »

Ne trouvant pas dans l’île un endroit convenable pour y passer la nuit, ils se rembarquèrent et se dirigèrent vers la terre ferme où ils y possédaient des cabanes qu’ils avaient construites autrefois. Il était déjà nuit quand nous y arrivâmes ; ils tirèrent leur canot à terre, et allumèrent un feu près duquel ils me conduisirent. Ils me firent coucher dans un filet qu’ils nomment dans leur langue inni, et qui leur sert de lit. Ils l’attachent en l’air à deux pieux ou à deux arbres, quand ils sont dans