Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, trad Ternaux, Arthus Bertrand 1837.djvu/164

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Ces Indiens ont l’habitude, quand ils se préparent à dévorer un prisonnier, de fabriquer avec des racines une boisson qu’ils nomment kawi, et de s’enivrer avant de le massacrer. Quand le moment fut venu de s’enivrer en l’honneur de sa mort, je lui demandai s’il était prêt à mourir, et il me répondit, en riant, que oui, mais que la Mussurana[1] (ils nomment ainsi une corde de coton de la grosseur du doigt, avec laquelle on attache les prisonniers), n’était pas assez longue, et qu’il y manquait encore six brasses, ajoutant que je fournirais un meilleur repas, et faisant des plaisanteries comme s’il avait dû aller à une fête.

Ce malheureux m’affligeait : je cherchais à m’occuper en lisant dans un livre portugais que les Indiens avaient trouvé à bord d’un vaisseau dont ils s’étaient emparés à l’aide des Français. Je lui adressai de nouveau la parole, car les Marckayas sont les alliés des Portugais, et je lui dis : « Je suis un prisonnier

  1. Dans d’autres endroits du texte on lit Massarana.