Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, trad Ternaux, Arthus Bertrand 1837.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mon maître était bien décidé à m’emmener avec lui. Je parvins à le retenir, en lui disant que rien ne nous pressait, et qu’il savait bien que, quand de bons amis étaient ensemble, ils ne pouvaient pas se séparer si vite ; qu’aussitôt que le vaisseau serait prêt à partir, nous retournerions ensemble à son village.

Le vaisseau étant sur le point de mettre à la voile, tous les Français se rassemblèrent à bord où j’étais avec mon maître. Le capitaine lui fit dire par l’interprète, qu’il le louait beaucoup de m’avoir épargné, quoiqu’il m’eût pris parmi ses ennemis ; et il ajouta, pour avoir un prétexte de ne pas me laisser partir, qu’il comptait me donner quelques marchandises pour rester encore un an parmi les sauvages, à rassembler du poivre et d’autres denrées, parce que je les connaissais. Alors un ou deux matelots qui devaient représenter mes frères, et qu’on avait choisis parce qu’ils me ressemblaient un peu, commencèrent à s’y opposer,