Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/169

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dans l’accomplissement desquelles notre petitesse rougit piteusement d’être surprise, comme si le cynisme de l’aveu pouvait seul effacer le ridicule de la faiblesse. Puis, n’est-ce pas l’infimité même de la faute qui nous rend impardonnables aux yeux du monde ? Desreynes se fût loué d’une duchesse et se blâmait d’une suivante. Il mâchait sa moustache et fronçait le sourcil. Il aperçut au loin Merizette qui montait vers le pavillon, d’un pas rapide.

Elle entra, et fixe, dans l’ombre de la salle aux volets clos, s’arrêta. Elle tremblait.

Elle ne douta pas d’une intimité absolue. Elle balbutiait.

— Ainsi donc, elle avait fait le jeu de cette fille, d’une fille venue on ne sait d’où, vague souillon d’office ! Ses tendresses et ses bontés ne servaient que de prélude aux galanteries de l’antichambre, et tout l’échafaudage de ses combinaisons croulait dans les mains rouges de cette campagnarde ! C’est pour une gueuse qu’elle travaillait et qu’il la dédaignait, qu’il s’était gaussé d’elle aussi longtemps ! À chaque pensée nouvelle, son indignation s’exaspérait. Oh, se venger, écraser un tel sot, hypocrite et vil à ce point ! Leur dupe ! Cette idée surtout la fouettait comme une lanière. Elle s’injuriait d’avoir été bafouée par ce couple de goujats, et contre lui, contre elle, contre tous, sifflait entre ses lèvres minces des mots haineux dont les grossièretés soulageaient sa fureur. Certes, elle se vengerait ! Elle songea à présenter à Pierre le billet