— Vous m’avez réveillée avant les coqs, cher monsieur : quelle hâte de prendre l’air ! Rassurez-vous, je me suis rendormie…
— Pierre m’a donné de vos nouvelles.
— Faites-moi grâce ; je suis fort bien.
— Et m’a dit que vous me faisiez l’honneur de désirer ma compagnie.
— Je vous en vois ravi. Déjeunons.
À table, ils se firent l’un à l’autre les politesses convenues, puis elle sortit d’un pas calme et descendit les marches du perron. Georges la suivait. Elle se retourna.
— Prenez-en mieux votre parti, cher, et restez mon chevalier galant, comme si j’étais une sous-préfète ou une servante.
Desreynes ne répondit pas. Ils allaient côte à côte. Le silence dura longtemps.
— Ne daignerez-vous plus, parce que je suis souffrante, m’offrir l’appui de votre bras ?
Ils marchèrent encore sans rien dire.
— N’ai-je pas appris, cher monsieur, que vous aviez dessein de nous quitter ?
— En effet, madame ; j’y suis contraint…
— Épargnez-nous, par pitié, les mensonges…
Georges se tut et le silence reprit.
Jeanne respirait largement, et la santé du matin la vivifiait, âme et corps. Ses gestes seuls demeuraient languissants ; mais dans son cœur, comme dans ses