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LA VIE EXTÉRIEURE.

Le sable micacé luit au versant des berges ;
Les calices, baignés de la splendeur du jour,
S’ouvrent en palpitant comme le cœur des vierges
S’ouvre aux premiers frissons d’amour.


Le vent jeune qui rit en froissant les feuillées
Agace les troncs bruns et crispe les roseaux,
Et la chanson de l’air sous les branches mouillées
Réveille le chant des oiseaux.


Salut au ciel joyeux, au ciel couleur de cuivre !
Et de l’occident pâle à l’orient vermeil,
Les bêtes, savourant le grand bonheur de vivre,
Regardent monter le soleil.


Un long cri de gaîté s’envole de la terre :
Et sous son dais brodé de nuages mouvants,
L’astre roi, dieu des dieux, penché comme un bon père,
Bénit la vie et les vivants…