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L’AUBE.

Il me les jetait comme un voile
De parfums tièdes et d’ors roux ;
Il gonflait sa robe de toile,
Et la plaquait sur mes genoux.


Mon front roulait dans les vertiges ;
Le bois chantait, profond et noir :
Les fleurs, en jasant sur leurs tiges,
Se bousculaient pour nous mieux voir…


Elle cueillit à son corsage
Une rose qu’elle m’offrit :
— « Je t’aime… — Je meurs. — Soyez sage,
« On parle ! — C’est le vent qui rit.


— « Vous m’oublierez. — Tes mains sont douces !
— « Je suis bien lasse. — Je suis las… »
Oh ! la complicité des mousses
Et la traîtrise des lilas !