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LA VIE INTÉRIEURE.



Ô Christ, tu n’es pas Dieu ! Jésus, tu me trompais !
Mais qu’importe l’erreur, si la foi nous assiste ?
Pourvu qu’on aime un dieu, qu’importe qu’il existe ?
Tout est beau, si je me repais
D’un mot par qui mon cœur exulte :
Qu’il soit tangible ou soit occulte,
Il faut un rêve ! Il faut un culte !
 Il faut la paix !



Dans l’air religieux et tiède de la chambre,
Les flambeaux parfumés versent des reflets d’ambre.

Toute nue, allongée, Elle dort, les seins droits :
Ses pieds sont joints, ses bras sont déployés en croix.

Vers l’épaule, sa tête impassible se penche,
Et ses cheveux luisants glissent sur sa peau blanche.