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Page:Haraucourt - L’Âme nue, 1885.djvu/235

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LA VIE INTÉRIEURE.

 
Et l’on versait ! Et je buvais,
Et je suis ivre, je suis ivre…
Je ne sais plus comment je vais :
J’ai perdu ma route de vivre.


Je n’ai plus ni foi ni remords,
Je n’aime plus rien ni personne ;
Les courages jeunes sont morts
Dans mon âme où le vide sonne.


J’ai trop souffert pour être bon,
Et j’ai trop cru pour croire encore.
J’irai seul, j’irai vagabond
Par les grands chemins que j’ignore.


Traînant les pieds, ployant les reins,
Le regard noyé dans mon rêve,
Le cœur noyé dans mes chagrins,
J’irai sans but, j’irai sans trêve.