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LE SOIR.

Le vent, qui grince autour des rigides cyprès,
Leur siffle son refrain dolent et monotone,
Et, froid, froisse sur eux avec des cris distraits,
Les bouquets d’or cueillis dans les branches d’automne ;
Le vent, qui grince autour des rigides cyprès,
Leur siffle son refrain dolent et monotone.


Pleins du calme sacré de l’éternelle nuit,
On les laisse dormir dans la paix de leurs fosses :
La foule des vivants les dédaigne et les fuit ;
Loin des regrets banals et loin des larmes fausses,
Pleins du calme sacré de l’éternelle nuit,
On les laisse dormir dans la paix de leurs fosses.


Oh ! les morts sont bien morts dont nul ne se souvient,
Et c’est pourquoi mon cœur les aime et les envie.
Leur nom même a croulé dans l’oubli qui les tient ;
Le Néant a dompté tout ce qui fut leur vie…
Oh ! les morts sont bien morts dont nul ne se souvient,
Et c’est pourquoi mon cœur les aime et les envie !