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LA VIE INTÉRIEURE.

Fuir ? Le Doute avait pris ma main. Il me dit : « Reste. »
Et la Désespérance, en me courbant du geste,
 Me mit la corde au cou ;
Le champ eut un long cri de gaîté sépulcrale,
Et des ricanements étouffèrent mon râle :
 Je pendais à mon clou.


Depuis cette nuit-là, spectre qui semble vivre,
J’attends très lentement l’oubli qui nous délivre,
 Et je compte tout bas ;
Je me balance au vent du Sort qui me soufflette :
Et l’on croit, en voyant mon rictus de squelette,
 Que je ne souffre pas.