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LES LOIS.



« Seul, il vit. Et que font un brin d’herbe qu’on mange,
Un soleil qui s’effrite, un homme qui s’endort ?
Le Dieu sent palpiter sa vie énorme : il change,
Il respire, et son souffle est fait avec la Mort.

 
« La Mort, c’est la formule unique de la Vie,
Le passage alterné des corps dans d’autres corps,
C’est le mouvement calme et dont rien ne dévie,
La résurrection des faibles dans les forts.

 
« C’est la rajeunissante et la réparatrice,
Aurore après le jour, printemps après l’été,
La mère inépuisable et l’auguste nourrice
Dont le travail fécond peuple l’éternité.

 
« C’est la chaîne d’amour et d’hymen qui nous lie :
C’est par elle que tout se fond et se confond,
Naît, se croise, renaît, court et se multiplie,
Dans les bouillonnements de l’espace sans fond.