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LA VIE EXTÉRIEURE.

Puis, ce fut l’âge blond des tiédeurs et des vents :
La Lune se peupla de murmures vivants ;
Elle eut des mers sans fond et des fleuves sans nombre,
Des troupeaux, des cités, des pleurs, des cris joyeux ;
Elle eut l’amour ; elle eut ses arts, ses lois, ses dieux,
     Et, lentement, rentra dans l’ombre.


Depuis, rien ne sent plus son baiser jeune et chaud ;
La Terre qui vieillit la cherche encor là-haut :
Tout est nu. Mais, le soir, passe un globe éphémère,
Et l’on dirait, à voir sa forme errer sans bruit,
L’âme d’un enfant mort qui reviendrait la nuit
    Pour regarder dormir sa mère.