Hélios ! Tu la vois, crispant ses membres lisses,
Mordant ses propres bras et tordant ses cheveux ;
Une peau de lion serrée entre ses cuisses,
Elle s’arque, du cou jusqu’aux jarrets nerveux !
En vain trente guerriers, les plus beaux de la Grèce,
Ont sous leurs reins musclés pétri son torse nu :
Surexcités par leur impuissante caresse,
Ses flancs inassouvis ont rêvé d’inconnu.
En vain, pour la calmer, Bacchantes et Tribades
De leurs touchers savants ont énervé son corps ;
Elle a pris en dégoût ces voluptés trop fades :
La Fille du Soleil veut des muscles plus forts !
Or, elle a vu là-bas, sur les fauves lagunes,
Dans la chaleur du rut passer un taureau blanc :
Il allait, bondissant sur les génisses brunes,
Et ses rouges naseaux aspiraient l’air brûlant.
Et la Reine le veut, le lier taureau de Crète !
Elle veut son amour profond et vigoureux.
Dédale l’a comprise et la statue est prête :
La génisse de bronze entr’ouvre ses flancs creux.