Page:Haraucourt - La Légende des sexes, poëmes hystériques, 1882.djvu/69

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À UNE VIERGE



J e veux cueillir la fleur de ta virginité,
Savourer à longs traits les sucs de son calice :
Comme le frelon ivre et lourd d’avoir fêté
Les corolles, je veux que ma lèvre pâlisse
À boire tes mortels parfums de volupté.

Fais chanter ton baiser : c’est le roi des poèmes.
J’apporte l’Infini que ton rêve a cherché :
C’est moi qui t’ouvrirai le Ciel, puisque tu m’aimes,
Et tu la connaîtras, l’extase du péché
Qui fait les cœurs pâmés et qui fait les fronts blêmes !

C’est la fin, c’est le but sacré de tous nos vœux ;
C’est le levier du monde et le ressort de l’âme ;
C’est la Force qui crée et fait dire : « Je veux ! »
C’est le sceptre que Dieu mit aux mains de la femme,
Et la couronne d’or qui luit dans ses cheveux.