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J’ai vu culs bourgeonneux comme vigne au printemps ;
J’ai vu, laids et railleurs dans leur barbe de Faune,
Sur de vieux clitoris des capuchons flottants ;

Et des canaux ocreux coulant comme le Rhône ;
Et des lèvres de femme usée au braquemart,
Dont chaque pli pendait, rouge, bleu, noir ou jaune.

Cons pourris de Lourcine, et cons morts de Clamart,
Je vous ai vus, baignés d’un jus multicolore,
Nager, flasques, dans une odeur de vieux homard.

Mais j’en jure Duval, Inès et veuve Laure,
Je n’avais jamais vu si terrible hideur,
Et rien qu’au souvenir mes mains tremblent encore !…

— Un vaste Hymalaïa, fendu par l’impudeur,
Entr’ouvrait sur la nuit deux lèvres titanesques
Dont des rides sans fond sillonnaient la raideur.

L’usnée avait plaqué ses vertes arabesques ;
Et l’eau, lourde de soufre et de fer, suintait,

Peignant sur les rocs bruns de grands chancres en fresques.
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