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Le flot torrentiel se presse. Encor ! Encor !
Le sol a disparu. L’or coule, l’or ruisselle.
Rien que de l’or ; de l’or partout. L’or s’amoncelle :
Ici, là. Sur le sol, la couche et les coussins ;
Sur elle : sur le front, les bras, le cou, les seins ;
Sur les flancs arrondis, sur le ventre qu’il baise ;
La poitrine se gonfle et palpite. L’or pèse,
Lourd, massif, étouffant, sur ce corps endormi.
Il s’échauffe, — il s’anime…

Il s’échauffe, — il s’anime…Ô Pan ! Il a frémi.
Les molécules d’or se cherchent et s’unissent.
C’est comme un cœur qui bat. Les formes s’arrondissent.
Il prend un corps ! Il prend une âme…

Il s’échauffe, — il s’anime…Un homme ? Un Dieu ?
Qu’importe, puisqu’il vit, que sa lèvre est en feu,
Et que son bras musclé sait étreindre une femme.
Il vit, il sait ! Il a la vigueur et la flamme !
C’est un être viril : la Vierge l’a compris !
C’est le mâle rêvé qui l’assiège… Oh, ces cris !
Elle ouvre ses genoux, ses baisers, tout son être.