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Chaque femme, je la veux !
Des talons jusqu’aux cheveux
J’emprisonne dans mes vœux
Les inconnues :
Sous leurs jupons empesés
Mes rêves inapaisés
Glissent de sournois baisers
Vers leurs peaux nues.

Je déshabille leurs seins :
Mes caresses, par essaims,
S’abattent sur les coussins
De leurs poitrines ;
Je me vautre sur leurs flancs,
Ivre des parfums troublants
Qui montent des ventres blancs
À mes narines.

Vous aussi, Nymphes, splendeurs
Que pour mes fauves ardeurs
L’art du pinceau sans pudeurs
A dévêtues :
Vos formes, obstinément,
Me tirent comme un aimant ;
J’ai de longs regards d’amant
Pour les statues.