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LE PRISONNIER DE SON ŒUVRE

Ah ! l’enfer, quand j’ai su qu’elle me trompait ! L’enfer, quand j’ai tenu, enfin, la preuve tant cherchée, guettée pendant des mois, souhaitée en proportion du mal qu’elle allait me faire ! Je suis ainsi, et je crois que bien des hommes me ressemblent ; on souffrira de savoir ce qu’on ignore, et la vie désormais ne sera plus tenable ; mais on veut apprendre quand même, et on le veut d’autant plus fort qu’on en souffrira davantage.

Pour moi, je suis un homme violent, et je ne m’en cache pas. Tous mes amis l’ont éprouvé. Je me suis brouillé avec bien des gens que j’aimais, et j’ai plus de dix fois gâté ma situation dans le monde, quitte à regretter mes violences, une fois qu’elles sont commises ; mais les gestes s’élancent