sous de moi, avait absorbé la majeure quantité du poison, que la pesanteur avait fait couler dans sa bouche ; probablement alors un ressaut brusque m’avait lancé sur le côté, et peut-être n’avais-je aspiré que des vapeurs toxiques, trop peu pour en mourir, assez pour m’enkyloser tout. Mon cœur avait continué à battre imperceptiblement, et mon thorax à fonctionner, juste autant qu’il fallait pour me garder de l’asphyxie ?…
— À présent, le poison s’élimine, et je reviens ? Oh ! que j’ai mal !…
Le poison, n’agissant que sur le système musculaire, avait laissé intact mon système nerveux ; ainsi je demeurais apte à percevoir les douleurs, et à délibérer des mouvements : mes nerfs transmettaient les sensations et les ordres, mais les leviers n’obéissaient pas.
— Qu’on m’achève ou qu’on me soulage ! Qu’on m’achève plutôt !
Silencieusement, je criais : « Au secours ! »
— Mais… Personne ne viendra. La maison est déserte. Nul ne sait que nous sommes ici. Nul ne nous y cherchera…
Espérer qu’un des rares passants de la route s’avisât d’ouvrir la grille et de traverser