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Page:Haraucourt - La Peur, 1907.djvu/256

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LA PEUR

murs, grondait dans ma poitrine comme dans un tambour.

— Crier tant qu’on veut ! Personne n’entendra. Hein ? Ils en avaient des inventions, les moines d’autrefois, et les seigneurs, pour torturer à l’aise le prolétariat de l’humanité souffrante dans les fers de son esclavage !

— Parfaitement.

— Mais l’heure est venue ! Les cachots de la tyrannie abhorrée sont aujourd’hui les refuges où s’élabore la germination des revanches sociales, et le grain couve dans les entrailles de la terre ! C’est symbolique, ça ? Et tu le vois, le grain ?

Il m’indiquait, en s’esclaffant, les boîtes destinées à devenir des bombes, et je les regardais avec tendresse, je palpais les bons murs, je les carressais, en leur disant merci.

— Tu as l’air de caresser un cheval pour le faire sauter…

— Pour le faire sauter, tu dis bien.

Il se tordait de rire. Ma nervosité exubérante s’affolait au contact du fou : il fallut nous asseoir, tant on riait.

— Tu es épaté, mon Jarguina ?

— Tellement que je veux…