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LES SABOTS DE NOËL

exaspéré, quoique immobile et facile à ciseler.

— Vous employez beaucoup les chiens ?

— Non : quatre à cinq mille par an.

Ils continuèrent leur promenade, en fumant leurs cigarettes, et on fit admirer au visiteur un caniche qui se vidait depuis des semaines, par un robinet, et un grand nombre d’inventions, d’instruments, un appareil pour bouillir les lapins vivants, un autre pour les cuire à sec, en entier ou en partie, plus ou moins fort, plus ou moins vite, et sans les perdre de vue, et en comptant tout ce qui peut être compté.

Quand ils arrivèrent devant moi, je tirai sur mes sangles, malgré toute ma raison, pour essayer de fuir. Mais ils me caressèrent gentiment de la main. Ensuite, ils déclarèrent qu’il fallait se mettre à la besogne, parce que Noël était ce soir, et qu’on ne travaillerait pas le lendemain.

Alors, ils discutèrent pour décider ce qu’on me ferait, et se partager mon corps.

Un qui était chef dit que, pour bien profiter de moi, il fallait commencer par les parties les moins vitales. Ils allèrent prendre leurs outils.