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LA PEUR

avaient tant marché, et il secouait la tête d’un air triste.

Alors, je reconnus le Bon Noël, et il me dit :

— J’ai vu des sabots, et je suis venu, mais je ne serai pas venu en vain, quoiqu’on ait voulu me tromper. Oui, je te laisserai un cadeau, brave cheval : je te fais don de la parole, et, avant de mourir, tu raconteras ton histoire, afin que la vérité soit dite aux hommes par une bête. »

Les révélations ci-dessus, publiées dans un journal à grand tirage, et aussitôt traduites en plusieurs langues, émurent l’opinion publique : dès lors, la nécessité s’imposa de vérifier autant que possible l’authenticité de ce récit. Interroger le cheval, il n’y fallait plus songer, car le pauvre animal, après les supplices multiples de sa vivisection, avait apparemment trouvé dans la mort une délivrance et un repos bien mérités. Une seule personne pouvait être utilement questionnée, le Bonhomme Noël.