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LA PEUR

les chats sans les tuer, et à les rapporter pour un service d’expérimentations en chambre ? C’est la mode, Monsieur. Ils étudient, ces jeunes gens ! Ils ont du zèle, et ils ont pleine latitude ; ils entrent dans le monde, et l’exercice d’un privilège, nouveau pour eux, est une tentation charmante. Or, réfléchissez à ceci, Monsieur, que l’étudiant ne s’avise point, à l’ordinaire, de reviser les expériences de ses maîtres, et qu’il n’a ni la coutume, ni le loisir de vérifier, intégralement et par lui-même, le bien-fondé des notions sans nombre que la Science lui apporte ; en botanique, en chimie, en physique, en thérapeutique, il accepte ; en physiologie, il contrôle ! Quand on lui enseigne que tel remède est bon contre tel mal, il croit, mais quand on lui affirme que tel nerf réagit en telle douleur, il doute, ou du moins il expérimente, pour voir ! Des études anatomiques auxquelles il peut s’adonner sur le cadavre, il les essaie sur la bête vivante, parfois, et pour changer ! Des opérations que le chirurgien ne fera pas sur l’homme et que le vétérinaire n’aura jamais lieu de tenter sur le cheval, comme la résection du sabot, on s’y exerce encore sur