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LE SETUBAL

— Une dame ?

— Qui vous demande ; elle est dans votre cabine.

Il a deviné, il se précipite. Dès qu’il ouvre la porte, Mercédès, avec un cri, se jette sur sa poitrine, et ils s’étreignent longuement, en silence : pendant quatre ans, ils sont attendu ce baiser, et c’est, depuis quatre ans, la première fois qu’ils s’approchent, qu’ils se touchent. Ils pleurent, en se serrant, et ne peuvent articuler un mot.

Elle parle, enfin, et sa parole est comme un souffle :

— Miguel…

Il a réentendu la voix aimée ! Mais bien vite il se ressaisit.

— Tu es venue, ! Comment es-tu venue ici ?

— Je t’aime !

— Il ne fallait pas ! Il faut que tu partes !

— Pourquoi ? Ne sommes-nous pas vingt fois venues à bord, en bandes, quand j’étais jeune fille.

— En temps de paix, chérie ! Mais il faut s’en aller. Pars !

— Je t’aime !

— Et moi aussi, je t’aime ! Adieu, va… Adieu !