Page:Hardouin - La Detenue de Versailles en 1871.pdf/114

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adjointes, elle aura l’adjudication des panacées culinaires.

Le mérite ne se mesure pas seulement aux œuvres ; il faut aussi mettre en balance l’intention. L’œuvre de l’abbé serait d’autant plus méritoire qu’elle ferait pour sûr des ingrats. Et pourtant y eut-il jamais dans l’Église à blason humilité plus grande ! M. de R… servait lui même de sa dextre aristocratique la soupe et le ragoût aux gamins.

Assis et rangés à terre en plein soleil, c’est de lui seul que tous indistinctement recevaient la pâture bénie. Cependant, le dirons-nous, malgré tant de bienfaits les petits gueux restaient froids. Tant de chaleur apostolique et solaire se dépensaient en pure perte et n’allumaient pas leur zèle ; ils ne voyaient dans l’apostolat de l’abbé qu’une simple et pure mission de gastrophile.

Ce n’est pas tout, pour la plupart compatriotes de Voltaire, les vauriens semblaient avoir hérité de son rire sceptique. Ainsi quand M. l’abbé tapissé d’un long tablier bleu qui, le prenant à la gorge, étreignait sa taille de guêpe et retombait jusqu’à ses chevilles, quand M. l’abbé, dis-je, en boîtant, s’avançait vers eux sa cuiller à pot à la main, c’est au prix de mille efforts que les