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Une grande indulgence pour les faibles, en même temps qu’un grand courage : une dignité calme, des gestes lents, un langage imagé, quelque peu sombre, tel est enfin le fond de ce tempérament énergiquement sympathique.

Louise Michel est poëte. Inspirée parfois, sa muse irrégulière a des tons un peu farouches ; elle cherche d’ailleurs moins à chanter qu’à peindre, elle a moins le rhythme que la couleur. Son vers, un peu négligé, a de l’ampleur et du souffle ; on n’y sent point l’effort, ni un respect exagéré des lois de la prosodie. Riche de métaphores, elle manque cependant de mots et surmène un peu l’adjectif. Son mètre favori est l’alexandrin en stances de quatre. L’allure un peu traînante et cadencée de cette mesure se prête mieux que toute autre à l’expression de ses sentiments où la tristesse et le vague dominent. Toutefois elle aborde aussi l’ode, et pour la vivacité propre à l’enthousiasme aucun rhythme n’offre les ressources de l’hexamètre : c’est naturellement celui-ci qu’elle adopte.

Nature puissamment attractive, rares étaient celles qui résistaient au prestige de Louise Michel. Les sœurs elles-mêmes le subissaient à leur insu. « J’espère, leur disait-elle en souriant,