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NOTE DE LA PAGE 73

(1) Au milieu des femmes arrêtées comme ayant participé aux actes de la Commune se trouvait une comtesse du faubourg St Germain.

Cette dame eut beau dire qu’elle avait été arrêtée à sa porte en allant rendre visite à l’une de ses amies, elle demeura pendant quelques semaines prisonnière de l’armée de Versailles et du gouvernement de M. Thiers.

Mais un jour un député de haute noblesse, examinant curieusement les détenues aux Chantiers, aperçut la comtesse X. qu’il avait connue dans le monde. « Quoi ! s’écria-t-il est-ce possible ? vous, Mme la comtesse, ici ? »

« Oui moi-même, mon cher ami, qu’en pensez vous ? »

Le surlendemain la noble dame rentrait dans son appartement. Cependant, combien d’autres était dans le même cas ? Des 400 prisonnières le quart au moins étaient sans dossier. Il y avait là depuis 3 mois une mère de quatre enfants qui n’avait pas sa raison. Elle criait ou priait jour et nuit. Appelant à son secours alternativement la Reine du ciel et son fils, criant : « Au feu ou à l’assassin. » Sa faible tête avait été bouleversée à la vue des incendies : elle s’était sauvée dans la rue, courant au hasard, éperdue, laissant ses enfants à sa mère et à son mari. Acte qui dénotait déjà l’égarement de son cerveau ! Jamais une mère qui possède sa lucidité d’esprit n’abandonne ses enfants dans le danger, fût ce pour les confier à leur père.

Une autre prisonnière était la femme d’un brave docteur qui avait donné tous ses soins aux blessés fédérés. Mme X. avait été arrêtée en même temps que son mari. Traînée à St-Lazare puis aux Chantiers, et enfin à l’ambulance de Satory, à peine âgée de 30 ans, elle en sortit, laissant là sa santé et son bonheur, éternellement troublés par cette atroce torture de plusieurs mois.

Je pourrais citer de nombreux exemples de ce genre ; mais le lecteur connaît ces choses, et d’ailleurs dans une publication prochaine je me propose de raconter l’histoire de quelques héroïnes de la détention de 1871.


Paris. — Typ. Collombon et Brûlé, rue de l’Abbaye, 22.