Page:Hardy - Deux yeux bleus, trad. Paul-Margueritte, 1913.djvu/12

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— Le château d’Endelstow ? répéta l’autre machinalement.

Il se tourna à demi, scrutant les bâtiments presque invisibles, avec un intérêt que ne semblait nullement mériter un tableau aussi indistinct.

— Oui, c’est bien la propriété de lord Luxellian, reprit-il, au bout d’un moment, les regards toujours fixés sur le château.

— Quoi ? Y allons-nous ?

— Non. Au presbytère, vous ai-je dit.

— J’pensais que v’s’aviez changé d’idée à la façon dont vous regardiez le château.

— Oh ! non ! La propriété m’intéresse, voilà tout.

— Vous n’êtes pas le seul à ce qu’on dit.

— Les autres n’y prennent pas le même intérêt que moi.

— Ah !… Vous savez, la famille Luxellian ne vaut guère mieux que la mienne ?

— Comment cela ?

— Ce sont d’anciens terrassiers et tailleurs de haies. Mais jadis, l’un des Luxellian sauva la vie de Charles II. Il travaillait aux champs, lorsque le roi en fuite vint à passer.

« Charles II vint à lui, tel un homme ordinaire, et, d’un ton détaché :

« — Holà, manant, aussi vrai que j’te parle, mon nom est Charles II. Veux-tu me prêter tes vêtements.

« — Si vous y tenez, répond le paysan Luxellian.

« Et ils changèrent d’habits.

« — Écoute maintenant, reprit le roi, avant de monter en selle, comme un homme ordinaire ; si je reviens un jour sur le trône, viens frapper à ma porte et demande hardiment : « Charles II est-il chez lui ? » Dis ton nom. On te fera entrer et je te ferai lord.

« — C’était gentil ça, hein, de la part du jeune Charley ?