Page:Hardy - Deux yeux bleus, trad. Paul-Margueritte, 1913.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à cette heure de la nuit, dit une voix au même moment.

Ils aperçurent alors, derrière eux, un individu malingre qui, ayant fait le tour par la porte de derrière, s’avançait en balançant une lanterne à la main.

— Sept heures viennent à peine de sonner. Apportez de la lumière, William Worm, et laissez-nous entrer.

— Oh! Est-ce vous, Robert Lickpan ?

— Personne autre, William Worm.

— Amenez-vous le visiteur ?

— Oui, intervint l’étranger. M. Swancourt est-il chez lui ?

— Oui m’sieu. Ça vous ferait-il rien de passer par le derrière de la maison ? La grande porte a joué à l’humidité, comme cela lui arrive quelquefois. Un Turc alors ne pourrait l’ouvrir. Je ne suis, je le sais, qu’une pauvre et tremblante créature qui ne pourra jamais assez remercier le Seigneur de l’avoir créée, mais je puis vous montrer le chemin, mon- sieur.

Le nouvel arrivant suivit son guide à travers une petite porte, un cellier et une cuisine, qu’il, traversa les yeux fixés à terre de peur de paraître curieux.

Il s’apprêtait à suivre Worm, dans sa chambre, quand du couloir d’entrée, où elle allait s’enquérir de la cause du retard, surgit Elfride. Son recul de surprise, à la vue de l’étranger, prouvait clairement qu’elle n’avait pas prévu ce mouvement de flanc, uniquement dû à l’initiative de William Worm.

Elle apparut dans la plus séduisante des tenues ; c’est-à -dire mi-vêtue et des boucles dénouées sur ses épaules. Une inquiétude persista sur son visage et elle ne sut pas se montrer assez femme pour la circonstance. Le visiteur souleva son chapeau et Elfride considéra avec un intérêt mêlé de surprise celui envers qui elle exercerait les devoirs de l’hospitalité.