Page:Hardy - Jude l’Obscur.djvu/24

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énormes, dans la longueur et la largeur du Wessex Jude l’avait vu un jour vendre un pot de graisse colorée à une vieille femme comme un remède certain pour guérir une jambe malade. La vieille avait payé fort char ce remède précieux, tiré, disait Vilbert, d’un animal particulier qui paissait sur le mont Sinaï et qui ne pouvait être capturé sans danger de mort. Bien qu’il commençât à douter des vertus médicales du personnage, Jude pensa qu’il était bon de l’interroger :

— Je suppose que vous êtes allé à Christminster, docteur ?

— Oui, plusieurs fois, répondit le grand homme maigre. C’est un de mes centres d’opération.

— C’est une ville étonnante par la science et la religion…

— Vous pourriez en parler, mon garçon, si vous l’aviez vue… Les fils des blanchisseuses du collège y parlent latin — non pas le meilleur latin, j’en conviens : un latin de chien, un latin de chat, comme nous disons au collège.

— Et le grec ?

— Le grec est bon pour les futurs évéques qui doivent lire le Nouveau Testament dans le texte original.

— Je voudrais apprendre le latin et le grec.

— Noble désir… il vous faut une grammaire pour chaque langue.

— Je tâcherai d’aller un jour à Christminster.

— Quand vous irez, vous direz que le docteur Vilbert est le seul propriétaire des célèbres pilules qui Il guérissent infailliblement tons les désordres du système digestif, l’asthme et l’insuffisance de la respira