— Et ces cigares ? C’était pour toi ?
— Non. C’était pour Jacopo.
— Qui est ce Jacopo ?
— Jacopo, de la ferme de Belvedere, au sortir de Morona, vers Gerardino.
— Bien ! Où as-tu pris ces cigares ?
— C’est le tenancier du café de Gerardino qui me les a remis.
— Pourquoi ?
— Jacopo m’avait demandé d’aller les y chercher… Les cigares sont rares, maintenant. Jacopo est riche, lui ; il peut s’en procurer, même à gros prix et loin.
— Intéressant !… Intéressant ! murmurait Benoît, tout en tournant les cigares entre ses doigts… Amenez-le, dit-il aux soldats de l’escorte.
— Est-ce que je peux retourner chez moi ? demanda le paysan. Il y a des travaux qui attendent.
— Attends toi-même un peu ; on verra, répondit le capitaine.
Et, comme l’Italien allait passer la porte :
— Dis donc, la veille de la bataille qui nous a amenés ici n’as-tu pas conduit, à la ferme de Belvedere une femme connue sous le nom de Nora et venant de Gerardino ?
— En effet, monsieur.
— Bien ! Tu peux te retirer.