Tout de même, vers le soir, l’observateur revenait annoncer que Giacomo s’était présenté à la ferme, puis qu’il en était reparti, toujours dans sa charrette, en compagnie de Jacopo. Benoit prit alors ses dispositions. Deux hommes se rendraient à Gerardino, le sergent Lanieu surveillerait la ferme en compagnie de Jos. Larivier. Lui-même resterait dans Morona, prêt à toute éventualité. En outre, des observateurs feraient le guet aux approches de ce dernier village. Le plan consistait a n’arrêter M. 25 que passé Morona et, si possible, tant qu’on ne connaîtrait pas nettement sa destination : il fallait tirer tous les renseignements possible. Au reste, on ne le perdrait jamais de vue, puisque les observateurs de Gerardino suivraient la voiture discrètement jusqu’à la ferme ; puis les deux groupes, de la ferme à Morona. Bien d’autres précautions étaient prévues et, en particulier, les moyens de communiquer d’un groupe à l’autre.
Dès 8 heures du soir, les détachements partaient pour se rendre à leurs observatoires. La nuit s’annonçait belle.
Alors qu’il allait sortir du village, Édouard croisa Nora.
— Tou viendras au café, ce soir ? lui demanda-t-elle.
— Non, répondit-il, je suis de service.
— Pas un petit moment ?
— Non, non. D’ailleurs, je veux me coucher de bonne heure.
Elle le fixa un instant des yeux, puis ajouta :
— Eh bien, bonne nouit, mon chéri… Ye me consolerai avec Jos Larivier, dit-elle dans un petit rire.