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nora l’énigmatique

dit chez nous), la porte-fenêtre en ouvrait de plain-pied sur une terrasse en jardin à l’arrière du bâtiment. La porte d’entrée, à l’étage inférieur, donnait, à l’avant, sur une rue latérale.

Or, le soir du jour fatal, il était étendu sur son lit, éclairé seulement d’une lampe en veilleuse, dont la lueur ne pouvait traverser les lourds rideaux qui garnissaient la fenêtre : les bombardements aériens étant toujours à craindre, les consignes relatives à l’obscurcissement s’appliquaient dans toute leur rigueur.

Plongé dans son rêve douloureux, il lui sembla entendre frapper à la vitre. Il se redressa sur son séant, l’oreille attentive : le bruit se renouvela. Intrigué, il se rendit à la porte-fenêtre et l’entr’ouvrit avec précaution : une forme se dessinait dans l’ombre.

— Qui est là ? demanda-t-il.

— C’est moi ! Édouard. Vite, laisse-moi entrer !

— Nora ! Ici ! Mais…

— Vite ! Vite ! Laisse-moi entrer ! Je t’expliquerai.

Elle entra, enveloppée dans un long manteau à capuchon, de couleur sombre. Quand elle le rejeta, il vit qu’elle portait un pantalon et un veston.

— Toi ! s’écria-t-il. Je me doutais…

— Non, Édouard, l’interrompit-elle… Ne parle pas avec trop de précipitation… Mais, d’abord, permets-moi de m’asseoir : je suis fatiguée… Non ! ne parle pas encore !… Je suis venue ici, simplement pour te demander de ne pas me juger avant que soit terminée cette aventure… Je ne suis pas celle que toi et le capitaine