Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/112

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raison, j’entends aussi le ventricule gauche du cœur.) C’est en ce point qu’ils convergent tous les deux ; par l’un arrive le sang ; par l’autre il s’éloigne. »

Le même raisonnement que faisait Galien pour le passage du sang de la veine cave dans les poumons à travers le ventricule droit s’applique aussi, avec plus de raison encore, au passage du sang des veines dans les artères à travers le cœur. Les paroles de Galien, ce père divin de la médecine, nous apprennent clairement que le sang passe par les poumons de la veine artérieuse dans les ramuscules de l’artère veineuse, tant par les contractions du cœur que par les mouvements des poumons et du thorax. Les ventricules du cœur, comme un réservoir, reçoivent le sang pour le projeter ensuite dans tout le corps ; et pour cet usage il y a quatre valvules, deux pour recevoir le sang, et deux pour le projeter. Si l’on n’admet pas ce fait, il faut admettre que le sang s’agite sans raison, comme les flots de l’Euripe, qu’il va çà et là, qu’il retourne en arrière quand il aurait dû avancer, et qu’il abandonne les parties où il aurait dû aller[1], en sorte que le cœur s’épuiserait dans un vain travail et empêcherait la respiration des poumons.

Enfin notre théorie est justifiée, que le sang passe continuellement et totalement à travers les porosités pulmonaires du ventricule droit dans le ventricule gauche, et de la veine cave dans l’artère aorte. En

  1. Voyez le savant commentaire d’Hoffman sur Galien. De usu part., lib. VI. Je n’ai connu ce livre qu’après avoir écrit les pages qu’on lit ici. (N. de Harvey.)