Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/124

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ton ou le chien, en respectant la veine : aussitôt le sang sort avec violence, et on voit en peu de temps, spectacle admirable ! se vider toutes les artères et toutes les veines du corps. Or, d’après ce que nous avons dit, il est clair que les veines et les artères ne communiquent entre elles que par le cœur. Il n’est plus permis d’en douter, si, après avoir lié l’aorte au point où elle sort du cœur, et ouvert l’artère jugulaire ou toute autre artère, on voit les artères vides et les veines gorgées de sang.

Par là on voit manifestement pourquoi, en ouvrant les cadavres, on trouve tant de sang dans les veines et si peu dans les artères, pourquoi il y en a beaucoup dans le ventricule droit, et à peine dans le ventricule gauche. Cela avait fait réfléchir les anciens et leur avait fait croire que pendant la vie il n’y a que des esprits dans le ventricule gauche. En réalité, cela tient à ce que le sang des veines ne peut passer dans les artères qu’en traversant le cœur et les poumons. Alors, l’animal ayant expiré, et les poumons ayant cessé de se mouvoir, le sang ne peut passer des extrémités de l’artère pulmonaire dans la veine pulmonaire et de là dans le ventricule gauche du cœur. Nous avons vu qu’il en est de même pour le fœtus, et que le sang ne peut passer par les poumons : car chez le fœtus ces organes sont immobiles et ne peuvent fermer et rouvrir les pores invisibles qui font communiquer la veine et l’artère pulmonaires. De plus, comme le cœur ne cesse pas de battre après que les poumons ont cessé leurs mouvements, mais qu’il leur survit pendant quelque temps, le ventricule