Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/157

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toutes les particules du nouveau sang rétablissent la chaleur languissante et l’esprit vital presque éteint.

Il résulte de là que, lorsque le cœur n’est pas atteint, toutes les parties du corps peuvent être rendues à la vie ou recouvrer la santé. Mais, quand le cœur est refroidi ou atteint par une lésion grave, l’animal doit nécessairement souffrir et se corrompre, son principe étant souffrant et corrompu. Rien en effet (Aristote, De partibus animal., III) ne peut remplacer le cœur et les fonctions qui en dépendent. C’est peut-être pour cette raison que le chagrin, l’amour, l’envie, les soucis, peuvent produire la consomption, le dépérissement, la cacochymie et les différents maux qui amènent les maladies et font périr les hommes. Car tous les sentiments de l’âme, douleur, joie, espérance, inquiétude, qui agitent l’esprit des hommes, retentissent au cœur et changent sa constitution naturelle, ses contractions et ses autres fonctions. Il ne faut pas trouver étonnant que ce qui, dans le foyer central, altère l’alimentation et affaiblit les forces, engendre rapidement, dans les membres et dans le corps, différentes maladies incurables, puisque alors tout le corps souffre de cette altération de nutrition et de ce défaut de chaleur naturelle du foyer central.

De plus, comme tous les animaux vivent des aliments qu’ils élaborent dans leur intérieur, il faut que cette élaboration et cette distribution soient intactes, ainsi que l’organe central où elles s’opèrent, pour que les aliments digérés se répandent dans tout le