Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/180

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sant pour ainsi dire les différentes organisations de l’échelle animale, devenant tour à tour œuf, ver, fœtus, et, dans chacune de ces phases, arrivant à la perfection[1]. Quand nous parlerons de la formation du fœtus, nous confirmerons cette idée par beaucoup d’observations.

Enfin c’est avec raison qu’Hippocrate, dans son livre du cœur, proclame que le cœur est un muscle : car son action et sa fonction sont les mêmes que celles des muscles : il se contracte et produit des mouvements, mouvements du sang qu’il contenait.

De plus la constitution des fibres et leur disposition motrice permettent de considérer l’action du cœur et ses usages comme analogues à ceux des muscles, et tous les anatomistes ont noté avec Galien que le cœur avait des fibres disposées en sens divers, fibres droites, fibres transversales, fibres obliques, mais que, dans l’effort du cœur, on pouvait voir changer la direction de ces fibres. En effet, dans les parois et dans la cloison, toutes les fibres sont circulaires, comme celles des sphincters ; celles au contraire qui sont dans les languettes des ventricules sont obliques en longueur : or, quand toutes les fibres se contractent, la pointe du cœur est attirée à la base par ces languettes charnues ; les parois se contractent circulairement, et le cœur, par cette contraction locale resserre ses ventricules, et

  1. Voici dans quels termes Harvey s’exprime sur cette théorie qui a été depuis si féconde : « Sed iisdem gradibus in formatione cujus cumque animalis, transiens per omnium animalium constitutiones, ut ita dicam, ovum, vermem, fœtum, perfectionem in singulis acquirit. »