Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/218

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les rêves de ces auteurs, et pour penser que le sang du ventricule droit et le sang du ventricule gauche du cœur sont semblables (comme nos sens et le raisonnement le démontrent). Ou bien il faudrait affirmer que l’artère pulmonaire est dilatée par quelques gouttes de sang spumeux, et que le sang est aussi tumultueux et effervescent dans le ventricule droit que dans le ventricule gauche, puisque celui qui entre dans l’artère pulmonaire et celui qui sort de l’aorte ont la même apparence et occupent le même volume.

Il y a trois principales raisons pour admettre cette opinion de la diversité du sang : 1o en ouvrant les artères, on voit s’écouler un sang plus vermeil ; 2o dans les dissections de cadavres, on trouve le ventricule gauche du cœur et toutes les artères complètement vides ; 3o on regarde le sang artériel comme plus animé et plus rempli d’esprits : on pense donc qu’il occupe beaucoup plus d’espace. Un examen attentif montre les causes et les raisons de tous ces faits.

D’abord, pour ce qui concerne la couleur, toutes les fois que le sang sort par une étroite ouverture, il est comme filtré et plus ténu ; et c’est la partie la plus légère, celle qui surnage et qui est plus subtile, qui sort de la plaie. Ainsi, dans la phlébotomie, le sang qui jaillit au loin, par un large orifice, en abondance et avec force, est plus épais, plus dense et plus foncé. Mais, s’il s’écoule au contraire goutte à goutte, par une ouverture mince et étroite, comme lorsqu’il sort des veines quand la bande de compression est enlevée, il est vermeil et comme filtré ; c’est la partie subtile et ténue qui sort seule, comme dans les hémorrhagies nasales, ou lors qu’on l’extrait par des sangsues, des ventouses, ou lors qu’il sort par diapédèse. C’est que l’épaisseur et la con-