Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/247

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Pour eux le cœur est la cause première des pulsations et de la vie. À dire vrai, je ne crois pas que les choses se passent comme le vulgaire le croit, et je ferai observer dans le traité de la génération bien des faits qui me font être contraire à cette opinion. Mais il ne convient pas d’en parler ici : peut-être un jour publierai-je des faits plus étranges, apportant une grande lumière à la philosophie naturelle.

Cependant, avec la permission des savants et le respect de l’antiquité, je ne ferai qu’énoncer et proposer sans démonstration cette vérité que le cœur, en tant que principe créateur et origine de toutes les parties de notre corps, doit comprendre aussi les veines, toutes les artères et le sang qui y est contenu : de même en considérant le cerveau en tant qu’organe des sens, nous comprenons tous ses nerfs, ses appareils sensitifs, ses organes et la moelle épinière. Mais, si par le mot cœur on ne comprend que la substance du cœur, ventricules et oreillettes, je ne pense pas qu’il faille considérer le cœur comme générateur du sang, et dire que le sang, la force, la vertu, la raison, le mouvement et la chaleur sont des dons du cœur. Enfin, pour moi, la cause de la diastole ou dilatation n’est pas la même que celle de la systole ou contraction, soit dans les artères, soit dans les oreillettes, soit dans les ventricules. Le mouvement du pouls, qu’on appelle diastole, a une cause autre que la systole et doit toujours précéder la systole. La cause primordiale de la dilatation est la chaleur, et la dilatation commence dans le sang lui-même qui peu à peu se gonfle et devient plus subtil, comme les substances qui fermentent. C’est par le sang aussi que cesse la dilatation. Ainsi que l’a dit Aristote pour le gruau et le lait mis sur le feu, cette turgescence ou cette dépression du sang ne viennent pas de vapeurs ou d’ex-