Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/259

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qui est absurde. — Si la circulation existe et que le sang des artères est continuellement poussé dans les veines, les valvules sont inutiles. — Les valvules ne peuvent jamais fermer exactement la cavité du vaisseau, à quoi peuvent elles alors servir, sinon à renforcer les parois veineuses. »

« Soit, dit Parisanus, liez le bras d’un malheureux, soumettez-le à la torture pour complaire à Harvey, et voyez ce qui arrivera. Cet innocent, soumis à un tel supplice, ressentira de vives douleurs dans le bras, et il sera à moitié mort sans pouvoir décrire ce qu’il ressent. La douleur terrible qu’il éprouve appellera le sang dans ses veines. Quoi d’étonnant à ce que les veines apparaissent gonflées ? Tous ces phénomènes que décrit Harvey sont dus à des actions violentes, irrégulières, et ne prouvent rien de l’état normal. On peut répéter l’expérience mille fois, mille fois elle sera fausse. À quoi bon s’en occuper ? — Quant aux valvules, leur présence n’a aucune valeur pour indiquer la direction du sang. En effet, deux valvules dans chaque veine devraient suffire, or, il y en a un bien plus grand nombre ; donc elles sont inutiles. De plus, ou le sang revient au cœur, comme le pense Harvey, et alors elles ne servent à rien, ou elles servent à quelque chose, à empêcher le sang des veines de revenir du cœur ; alors la circulation dans les veines n’existe plus, comme le pense Harvey. »

Je n’insisterai pas plus longtemps sur ces objections faites à Harvey, car toute cette polémique est vraiment odieuse et insupportable. Pour en donner une idée, il me suffira de citer un passage de Primerose qui se plaint de l’importance accordée en physiologie à l’étude des animaux inférieurs.

« Tu as, dit Primerose, observé une sorte de cœur pulsatile chez les limaçons, les mouches, les abeilles et même chez les squilles. Nous te félicitons de ton zèle ; que Dieu te conserve des yeux si perspicaces. Mais pourquoi dis-tu qu’Aristote a refusé un cœur aux petits animaux ? aurais-tu voulu faire entendre par là que tu sais ce qu’Aristote ignorait ? Ceux qui voient dans tes écrits les noms de tant