Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/262

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mouvements ; mais si on jette sur le cœur de l’eau froide, le cœur s’arrêtera.

Cette expérience peut en effet être faite, et elle donne les résultats qu’a indiqués Galien. Si par exemple, on injecte de l’eau froide dans l’artère coronaire ou même dans le tissu du ventricule, aussitôt les ventricules ralentiront leurs mouvements.

Quelques instants après, ils cesseront de se mouvoir, et cependant l’oreillette continuera ses mouvements. Mais comme le ventricule ne peut plus en se contractant chasser le sang qu’il contient, l’oreillette recevant toujours du sang se gonflera de plus en plus, se dilatera et finalement ne sera plus assez puissante pour chasser le sang qu’elle contient. Elle aura des mouvements ondulatoires, insuffisants à expulser le sang qui la remplit. L’oreillette droite principalement continuera à battre longtemps après que toutes les parties du cœur auront cessé toute contraction.

Il n’y a pas de doute que, lorsqu’un caillot se forme dans le cœur, ainsi que cela a lieu dans beaucoup de maladies de cet organe, les phénomènes ont lieu de la même manière. L’oreillette, recevant toujours du sang, se dilate, se gonfle, continue à se mouvoir en vain, car le sang s’accumulant dans l’oreillette ne peut être chassé dans le ventricule, soit que ce dernier soit contracté, soit qu’il soit dilaté par le sang et immobile.

Au demeurant, toutes ces observations ne peuvent donner de notions bien précises, tandis qu’en inscrivant avec des appareils enregistreurs la forme des mouvements, la pression du sang dans les diverses cavités, etc., on obtient des indications très exactes et très complètes que la vue seule et le toucher ne peuvent donner.

La figure suivante, due à M. Marey[1], rend très faciles

  1. Mémoire sur la pulsation du cœur. Comptes rendus du laboratoire, 1875, p. 25, fig. 12. — Qu’il me soit permis de remercier M. Marey de l’obligeance avec laquelle il a mis ses tracés à ma disposition.