Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/28

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Comme, sur le cadavre, la veine pulmonaire contient du sang, Galien a eu recours à une série d’hypothèses ingénieuses, mais absurdes (reflux par la valvule tricuspide, exhalation de sang vicié par la veine pulmonaire). — C’est la malheureuse expérience d’Aristote qui est cause de tout ce dégât. En insufflant l’air dans la trachée, il a vu l’air pénétrer dans le cœur : Galien admet le fait sans chercher à le contester. Il est possible, à la rigueur, que, sur un poumon à demi putréfié, en soufflant avec beau coup de force de l’air dans la trachée, on fasse passer de l’air dans les rameaux de la veine pulmonaire et dans le cœur : mais en tout cas c’est un fait anormal et qui ne saurait excuser ni Aristote ni Galien. L’idée du passage de l’air (πνεῦμα) dans la veine pulmonaire est la pierre d’achoppement des anciens. Le sang arrive au poumon par l’artère pulmonaire. L’air arrive au cœur par la veine pulmonaire. Voilà ce que Galien répète sans cesse. Que faut-il pour que la petite circulation soit découverte ? Il suffit de remplacer le mot air (πνεῦμα) par le mot sang aérifié. Et pour arriver à cette vérité si simple, il aurait suffi de prouver que la veine pulmonaire, comme les artères du corps, ne contient pas de l’air, mais du sang.

3o  Le mouvement des artères est dû, non à l’impulsion du sang, mais à l’ébranlement de leurs tuniques. — C’est encore une expérience mal faite qui conduit à cette erreur, l’expérience du tube creux