Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/32

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tion : œil pour œil, dent pour dent, le tout aux dépens des bienfaiteurs de l’humanité.

Ce Servet s’appelait peut-être Michel de Villeneuve, peut-être Michel Reves[1]. Toute son histoire est obscure : on a fait l’ombre sur lui. Il naquit en Aragon, mais étudia en France, à Toulouse, à Lyon, à Paris. Son livre date de 1553. Il n’en reste plus, dit on, que deux exemplaires, l’un à la Bibliothèque nationale, l’autre à Vienne. Dans ce livre de théologie, il y a un passage que Flourens a reproduit[2], et où la circulation du sang est nettement indiquée : A dextro ventriculo, longo per pulmones ductu, agita tur sanguis, a pulmonibus præparatur, flavus efficitur, et a venâ arteriosâ in arteriam venosam transfunditur. Ille itaque spiritus vitalis (sang artériel) a sinistro cordis ventriculo in arterias totius corporis deinde transfunditur.

On conçoit l’importance historique de ce passage. Soixante-dix ans avant Harvey, la circulation est formellement indiquée, et cependant en général on dénie la gloire de cette découverte à Michel Servet. Il faut savoir jusqu’à quel point cette défaveur est justifiée.

La question peut se résumer ainsi : la découverte de Servet a-t-elle eu de l’influence sur l’œuvre de Harvey ?

  1. On trouvera de précieux documents dans l’Histoire de la circulation de Flourens, et dans un remarquable travail de M. Tollin. Die Entdeckung des Blutkreislaufs durch Michael Servet. — Iena, 1876.
  2. Loc. cit., p. 265 et suiv.