Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/58

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pour être plein d’esprits, le sang n’en est pas moins du sang ; le sang est toujours du sang : personne ne nie que le sang qui coule dans les veines ne soit pénétré d’esprits vitaux. Et, si le sang qui est dans les artères est pénétré par une grande quantité d’esprits, il faut néanmoins regarder ces esprits comme faisant partie intégrante du sang, dans les veines comme dans les artères. Donc le sang et les esprits ne forment qu’un, ainsi que le sérum et la crème dans le lait, et la chaleur dans l’eau chaude : c’est ce mélange intime, contenu dans les artères et distribué par elles dans tout le corps qui n’est autre chose que le sang. Si l’on dit que le sang contenu dans les artères est attiré du cœur par la diastole artérielle, on paraît comprendre que les artères sont remplies et distendues par du sang et non par de l’air, comme il est dit plus haut. Et si on dit qu’elles sont remplies par l’air ambiant, comment et quand peuvent-elles recevoir le sang qui vient du cœur ? Ce ne pourra être dans la systole ; les artères, quand elles se contractent, sont remplies, mais non distendues : et si l’on admet que c’est dans la diastole, elles auraient deux usages contraires, recevant à la fois l’air et le sang, la chaleur et le froid, ce qui est bien improbable. On ne peut pas dire non plus que la systole du cœur et des artères se produit en même temps que leur diastole, car ce sont deux phénomènes contradictoires. Comment en effet deux organes aussi intimement unis pourraient-ils se dilater simultanément, quand l’un